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lundi 18 décembre 2023

Lexique roman, AE, AF: Aer - (à continuer)

Aer, s. m., lat. aer, air.

Creet Dieus, quan li plac, los quatres elemens:

Lo cel, l' aer, la terra e l' aiga eissamens.

Pierre de Corbiac: El nom de.

Dieu créa, quand il lui plut, les quatre éléments:

le ciel, l' air, la terre et l' eau aussi.

ANC. FR. Parquoi en l' aer ses aesles esbranla.

J. Marot, t. III, p. 60.

Prendre vol en l' aer. Rabelais, liv. V, c. I.

ANC. ESP. Cecilia sobre totas avie aer caliente.

Poema de Alexandro, cop. 836.

ANC. CAT. Aer. IT. Aer, aere.

2. Air, s. m., air.

L' airs clars e 'l chans dels auzelhs.

Pierre d' Auvergne: L' airs clars.

L' air clair et le chant des oiseaux.

3. Aire, s. m., air.

La terra retentis e l' ayres de cridor. V. de S. Honorat.

La terre et l' air retentissent de clameur.

Ab l' alen, tir vas me l' aire

Qu' ieu sen venir de Proensa.

P. Vidal: Ab l' alen.

Avec l' haleine, je tire vers moi l' air que je sens venir de Provence.

- Demeure, pays, famille.

L' amors, don ieu sui mostraire,

Nasquet en un gentil aire.

Marcabrus: Al son desviat.

L' Amour, dont je suis indicateur, naquit en une gentille demeure.

Tot mon linh e mon aire

Vei revenir e retraire

Al vesoig et a l' araire.

Marcabrus: L'autr'ier.

Je vois toute ma lignée et ma famille revenir et retourner à la bêche et à la charrue.

Qu'el mon non es crestias de nul aire

Que sieus liges o dels parens no fos.

Giraud de Calanson: Belh senher Dieus.

Qu'il n'y a au monde chrétien d' aucune famille qui ne fût son homme-lige ou de ses parents.

- Marche, erre.

A Rossilho torna son aire.

Roman de Gerard de Rossillon, fol. 43.

Tourne son erre à Rossillon.

ANC. FR. Jons e flors espandre par l' aire.

Nouv. rec. de fabl. et cont. anc. t. I, p. 76.

Parmi la forest chemina

Moult bon aire sans arester.

Roman du Renart, t. III, p. 146.

ESP. Aire. PORT. Aria. ANC. IT. Aire. IT. MOD. Aria.

- Air de la personne, manière, qualité, convenance.

Tan es de gentil aire

Qu'en lieys renha beutatz e sens.

Raimond de Castelnau: Aras pus ai.

Elle est de si gentille qualité qu'en elle règne beauté et raison.

Li baron de mal aire

Que tot jorn fan

Lo mal, e 'l be non gaire.

P. Cardinal: Tals cuia.

Les barons de mauvaise manière, qui toujours font le mal, et non beaucoup le bien.

Li sant viron lo luoc,

Que es asaz de bon ayre

A servir Jhesu-Crist.

V. de S. Honorat.

Les saints virent le lieu, qui est assez de bonne convenance pour servir Jésus-Christ.

Et ja nuls hom que sia de bon aire

No sufrira qu' om en digna folhor.

B. Jordan: No puesc mudar.

Et jamais nul homme qui soit de bonne manière ne souffrira qu'on en dise folie.

ANC. FR.

Qui tant son cler ne mi sont de mal aire.

Le châtelain de Coucy: Nouvele amor.

Kar estes fel e de put aire.

Marie de France, t. II, p. 377.

La locution DE BON AIRE devint un adjectif composé.

Qu' ieu am la plus de bon aire

Del mon mais que nulla re.

B. de Ventadour: Amors que.

Que j'aime la plus débonnaire du monde plus qu' aucune chose.

Los benignes et aquells de bon aire heretaran la terra.

V. et Vert., fol. 58.

Les bénignes et ceux débonnaires hériteront de la terre.

ANC. FR. Et cependant ta plume de bonne aire 

Nous veuille escripre ung petit mot ou deux.

Cretin, p. 179.

L' adjectif composé débonnaire est resté dans la langue française.

ANC. IT. Il di bon aire buon signore nostro.

E solo quello è di bon aire e saggio che serve a lui... Cuore di bon aire.

Guittone d' Arezzo, Lett. 13 et 20.

La dona ridendo e di buona aria.

Boccaccio, Decameron, III, 4.

CAT. Ayre. ESP. ANC. IT. Aire.

4. Aere, adj., lat. aerius, aérien.

Per sa aerea levitat.

En natura aerea si transmuda.

Eluc. de las propr., fol. 64 et 20.

Par sa légèreté aérienne.

Se change en nature aérienne.

CAT. (Aeri) ESP. (Aéreo) PORT. IT. Aereo.

5. Aerenc, adj., aérien.

Partidas aygozas et aerencas...

Transmudat en materia aerenca.

Eluc. de las propr., fol. 270 et 263.

Parties aqueuses et aériennes.

Changé en matière aérienne.

ANC. FR. Parmi la région aérine.

Le Maire, Illustr. des Gaules, p. 87.

6. Ayreiar, v., aérer.

Tinea... engendra si, quan la rauba esta trop plegada ses ayreiar.

Eluc. de las propr., fol. 260.

La teigne... s' engendre, quand la robe reste trop pliée sans aérer.

CAT. Ayreiar. ESP. Arear (airear; orear.). PORT. Areiar.

7. Dezaire, s. m., disgrâce, infortune.

Filhs, paires, Dieus, hom, per traire

Nos de perilhos dezaire.

G. Riquier: Sancta verges.

Fils, père, Dieu, homme, pour nous tirer d'une dangereuse infortune.

CAT. Desayre. ESP. PORT. Desaire.

8. Dezairar, v., mépriser, disgracier.

Part. pas. substantiv.

E fasson ben als paupres dezairatz.

P. Cardinal: Lo saber.

Et fassent bien aux pauvres disgraciés.

CAT. Desayrar. ESP. Desairar.


Afan, s. m., travail, peine, chagrin.

Si j' avais à indiquer l' étymologie du mot afan, que la langue des troubadours a employé avant l' an 1000, je croirais pouvoir le dériver de l' arabe ANA, labor, molestia, dont le premier A, fortement aspiré, a pu être reproduit par AF.

Voyez Ferrari, v°. affano; Ménage, v°. ahan; Muratori, Diss. 33; Denina,

t. III, p. 3. ( N. E. onomatopeies - ahan - ahanner )

O es eferms o a afan agut. Poëme sur Boece.

Ou il est infirme ou il a eu chagrin.

Loc. Que son afan i perdria,

Si m' entendia cobrar.

B. Zorgi: Entre totz mos.

Qu'elle y perdrait sa peine, si elle entendait me recouvrer.

ANC. FR. Le vilain que je port m'a mis

En grant travail, en grant ahan.

Roman du Renart, t. III, p. 328.

ANC. PORT. Por quant affan per vos soffri.

Cancion. do coll. dos nobres, fol. 71.

CAT. Afany. ANC. ESP. Afan. (ESP. afán) PORT. MOD. Affano. IT. Afa, affanno.

2. Afanamen, s. m., fatigue, peine.

D' omes vey c'an a totz jorns mens,

On pus s' efforsan d' afanar,

E vey n' alegratz estar

D' autres, ses totz afanamens.

G. Olivier d' Arles, Coblas triadas.

Je vois des hommes qui ont toujours moins, plus ils s' efforcent de prendre peine, et j' en vois d' autres être satisfaits, sans aucunes fatigues.

3. Affanaire, s. m., basse lat. affanator, ouvrier, manoeuvre.

Que nul masso, peirier ni afanaire non obre mas a la obra.

Tit. du XVe sièc., DOAT, t. CXLVII, fol. 285.

Que nul maçon, tailleur de pierre ni homme de peine ne travaille qu'à l' oeuvre.

Totz aquels del mestier d' affanadors.

Tit. de 1267, Arch. du Roy., J. 303.

Tous ceux du métier d' ouvriers.

ANC. FR. Eust requis Lorens... affanour, que il, pour competent salaire, voulsist mener, etc.

Lett. de rem., 1389, Carpentier, t. 1, col. 100.

4. Afanar, v., fatiguer, chagriner, prendre peine.

Per mi dons, qu' aissi m' afana.

B. de Ventadour: Ges mos.

Par ma dame, qui ainsi me chagrine.

Lo jorn per afanar, la nuegz per pauzamens.

P. de Corbiac: El nom de.

Le jour pour fatiguer, la nuit pour repos.

Qu' astrucs sojorn e jai,

E malastrucs s' afana.

B. de Ventadour: Quan la doss' aura.

Que l' heureux se repose et se couche, et le malheureux se fatigue.

ANC. FR. Ge ne sui fox ne tremelerres,

Ainz me sai molt bien ahaner

Et bien soier et bien vaner.

Fabl. et cont. anc, t. IV, p. 237.

Et s' affanoit de forcer sa forteresse.

Brantôme, Dam. galan., t. II, p. 42.

ANC. CAT. ESP. Afanar (faenar). PORT. Affanar. IT. Affannare.

5. Sobrafan (sobre afan), s. m., grand chagrin.

Sols sui que sai lo sobrafan que m sortz.

Arnaut Daniel: Sols sui que.

Je suis seul qui sais le grand chagrin qui me surgit.


Aferir, v., convenir.

En général, il s' employait impersonnellement.

Mas tant quant al poder s' afier.

B. de Ventadour: En aquest.

Mais autant qu'il convient au pouvoir.

ANC. FR. Car ce n' aferist mie à homme

Que sens et proesce renomme.

Roman de la Rose, v. 6427.

(à continuer)