CAT. Galop. ESP. PORT. Galope. IT. Galoppo. (chap. Galop, galops.)
2. Galaupar, v., galoper, mettre au galop.
Part. pas. Tan fort an lors cavals, que punhs, que galaupatz,
Que vengro al estorn e vec los vos mesclatz.
Roman de Fierabras, v. 469.
Si fort ont leurs chevaux, soit piqué, soit galopé, qu'ils vinrent à la bataille, et vous les voilà mêlés.
CAT. ESP. PORT. Galopar. IT. Galoppare. (chap. Galopá: galopo, galopes, galope, galopem o galopam, galopéu o galopáu, galopen; galopat, galopats, galopada, galopades.)
Galiar, Gualiar, v., tromper, séduire.
Ad Uses fon uns usuriers
Que vai galiar ab deniers
Una tosa de paupre afar.
V. de S. Honorat.
A Uzès fut un usurier qui va séduire avec deniers une jeune fille de pauvre condition.
S' ella me gualia,
Gualiador me trobara.
P. Cardinal: Ben tenh per fol.
Si elle me trompe, trompeur elle me trouvera.
Part. prés. Ieu non ai ges tal coratge,
Com li fals drut an
Que van gualian.
G. Faidit: Lo rossinholet.
Je n'ai point tel coeur, comme ont les faux amants qui vont trompant.
Part. pas. Donc quecx es deceubutz
E gualiatz, tan vol quecx gualiar!
G. Riquier: Fortz guerra.
Dont chacun est déçu et trompé, tant chacun veut tromper!
2. Galiamen, Gualiamen, s. m., tromperie, supercherie, perfidie.
En totz mestiers vey far galiamen.
Pons de la Garde: D'un sirventes.
En tous métiers je vois faire tromperie.
Ab gualiamen
De falsa perdonansa,
Livretz a turmen
Lo barnatge de Fransa.
G. Figueiras: Sirventes vuelh.
Avec tromperie de faux pardon, vous livrâtes à tourment le baronnage de France.
Per costrenement ni galiament.
Tit. de 1295. DOAT, t. CXXXIX, fol. 124.
Par contrainte ni supercherie.
3. Galianza, s. f., tromperie, perfidie.
Ai ques mainta merce
Sol per galianza.
B. Zorgi: Jesu Christ.
J'ai requis mainte merci seulement par tromperie.
4. Galiaire, Gualiador, s. m., trompeur, séducteur, perfide.
Cobes e mal parliers
Fu e fins galiaire.
Lanfranc Cigala: Oi! maire.
Je fus convoiteux et mauvais parleur et fin trompeur.
Mas uns galiayres mesquins
Pregava la tosa mot gent,
E la caytiva non consent.
Car meton un gualiador
Denfra la cambra del seynor.
V. de S. Honorat.
Mais un mesquin séducteur priait la jeune fille moult gentiment, et la chétive ne consent pas.
Car ils mettent un trompeur dedans la chambre du seigneur.
Adject. Ja bels ditz ni semblans de dous rire
No creirai mais, ni olhs galiadors.
Jordan de Bonels: S'ira d'amor.
Dorénavant je ne croirai plus beaux dits ni semblants de doux rire ni yeux trompeurs.
Anc nulhs azars ab datz gualiadors.
Gavaudan le Vieux: Ieu no sui.
Oncques nuls hasards avec dés trompeurs.
5. Gualiart, Gualart, Goliart, s. m., imposteur, trompeur, perfide.
Mos parsoniers es tan gualartz
Que vol la terr' a mos enfans.
Bertrand de Born: Ges de far.
Mon copartageant est si perfide qu'il veut la terre à mes enfants.
Fachuriers e devins et autres goliartz
Que sabian diablias.
V. de S. Honorat.
Magiciens et devins et autres imposteurs qui savaient diableries.
Fig. Per qu'us sonetz fai gualiartz
Ab motz amaribotz, bastartz.
Pierre d'Auvergne: Chantarai.
Parce qu'il fait des sonnets trompeurs avec des mots amers, bâtards.
Gamaleon, s. f., lat. chamaeleon (Houttuynia cordata), chardonnette, carline, sorte de plante. La herba gamaleon sana lebrosia. Eluc. de las propr., fol. 149.
Tout ainsi comme coup de vent qui trouble la mer et fait fuir les poissons.
ANC. ESP. Gandir.
2. Guandia, Ganda, Guanda, s. f., tromperie, détour, délai, retard.
A son coral amiu
Non deu hom far guandia.
G. Adhemar: El temps d' estiu.
A son cordial ami on ne doit pas faire tromperie.
D'un sirventes no m qual far longor ganda,
Tal talent ai qu'el digua e que l' espanda.
Bertrand de Born: D'un sirventes.
Ne me soucie de faire plus long retard d'un sirvente, tel désir j'ai que je le dise et que je le divulgue.
Fig. Entre gandas e tortz
Resorzis dezenans.
Giraud de Borneil: Ben m' era.
Entre détours et torts je reparais dorénavant.
Si t desfui ni t fai guanda.
A. Daniel: Ans qu' els.
Si elle te fuit et te fait détour.
Loc. Respos me ses guanda.
G. Riquier: L' autre jorn.
Me répond sans détour.
3. Gandida, Guandida, s. f., garantie, refuge, sûreté, protection, sauvegarde.
Crestias e la ley vey perida,
E Sarrasis an trobada guandida.
Austorc Segret: No sai qui m.
Je vois morts chrétiens et la loi, et Sarrasins ont trouvé sûreté.
Ja lunh Turc non trobera guandida.
R. Gaucelm de Beziers: Ab grans trebalhs.
Jamais nul Turc ne trouverait refuge.
Loc. Cant hom trag de glieyas o de sementeris aquells que hi venon a gandida. V. et Vert., fol. 16.
Quand on arrache d'églises ou de cimetières ceux qui y viennent à sauvegarde.
4. Gandilh, Gandelh, s. m., refuge, asile, protection, détour, fuite.
Ja non saubra tan de gandilh.
A. Daniel: Pois En Raimons.
Jamais ne saurait tant de détour.
Ves luy no van cobeitan
Li gandilh.
Marcabrus: A l' alena.
Vers lui ne vont convoitant les refuges.
Gieta seluy el brazelh
On no troba nulh gandelh.
Bernard de Venzenac: Hueymais.
Jette celui-là au brasier où il ne trouve nulle protection.
5. Gandimen, s. m., refuge, salut.
Era fugit sa oltra per penre gandimen
Del pobol de Rhodes.
V. de S. Amant, évêque de Rhodez, p. 152.
Avait fui çà outre pour prendre refuge contre le peuple de Rhodez.
Loc. Selh que ve a mal gandimen.
B. Carbonel: Aisi com am.
Celui qui vient à mauvais salut.
6. Gandire, s. m., préservateur, qui se préserve.
Ai! pros dompna, sobrevalens, no us pes
Si 'n aissi us sui de m'amor descobrire,
Qu' estiers non puosc de mort esser gandire.
B. Zorgi: Aissi col.
Ah! généreuse dame, pleine de mérite, qu'il ne vous pèse si je vous suis ainsi révélateur de mon amour, vu qu' autrement je ne puis m'être préservateur de mort.
Gandres, adj., muscat.
D' un' aital flors don fruc sia amor,
E jois lo grans, e l' odor de notz gandres.
A. Daniel: Ar vei vermeills.
D'une telle fleur dont le fruit soit amour, et joie le grain, et l'odeur de noix muscade.
(chap. Anou muscada.)
Ganguil, s. m., gond.
Leva la porta en enpenhent,
Si que dels ganguils l' a gietada.
V. de S. Honorat.
Lève la porte en poussant, de telle sorte que des gonds il l'a jetée.
IT. Ganghero.
Gannacha, Ganacha, s. m., ganache, garnache, sorte de robe.
Cum si agues capa o gannacha.
P. Vidal: Lai on cobra.
Comme si elle eût cape ou ganache.
Arc e sageta barbada,
Ganacha e capa folrada.
Bertrand de Born: Rassa m'es.
Arc et flèche barbelée, ganache et cape fourrée.
Que neguns hom non fassa a ssa moller ganacha de ceda.
Cartulaire de Montpellier, fol. 139.
Que nul homme ne fasse à sa femme ganache de soie.
CAT. Garnatxa. ESP. PORT. (chap.) Garnacha. IT. Guarnacca, guarnaccia.
Ganta, Guanta, s. f., anc. all. Ganz (Gans : ganso, oca salvaje), cicogne, oie sauvage. (N. E. La cigüeña en alemán es Storch.)
Voyez Pline, liv. X, c. 22; Becman, De hist. nat. veterum, p. 209.
Ieu aug chantar las guantas e 'ls aigros.
B. de Ventadour: Belhs Monruelhs.
J'entends chanter les oies et les hérons.
Troba se de la ganta e del falco que ell noyrisson lur payre cant son viells. V. et Vert., fol. 81.
Il se trouve de la cicogne et du faucon qu'ils nourrissent leurs pères quand ils sont vieux.
Qu' un caval qu' a col de guanta
No t don, per amor de nos.
Raimond de Miraval: A Dieu me.
Que, pour amour de nous, il ne te donne pas un cheval qui a cou de cicogne.
Garag, Garah, s. m., lat. vervactum, guéret, sillon.
Pour établir la vérité et l' identité de ces rapports, je présenterai divers tableaux où j' aurai soin de ranger, de grouper un choix des mots principaux des six langues néolatines, lesquels ont entre eux des relations plus directes, plus intimes, et ces tableaux permettront de reconnaître jusques à quel point l' action du principe créateur de la langue romane rustique a conservé sa féconde unité dans ces six langues. Ce travail sera divisé en plusieurs paragraphes sous lesquels je placerai les diverses classifications.
§. Ier.
Séjour, habitation, logement et dépendances, bâtisse, etc.
§. II.
Nourriture, aliments, boissons, ustensiles relatifs, etc.
§. III.
Habillements, étoffes, parure, ornements, chaussure, etc.
§. IV.
Sens, exercice des sens; objets, qualités qui les frappent plus particulièrement, etc.
§. V.
Saisons, accidents de l' air, feu, couleurs, temps, durée, etc.
§. VI.
Espace, dimension, poids, mesures, proportions, localité, etc.
§. VII.
Agriculture, jardinage, troupeaux, campagne, animaux domestiques et sauvages, oiseaux, etc.
§. VIII.
Métaux, arts et métiers, travaux et instruments concernant les arts et les métiers, artistes et ouvriers qui les exerçaient, etc.
§. IX.
L' homme: son corps, ses qualités, actions physiques, repos, mouvement; ses manières, ses procédés, usages domestiques, etc.
§. X.
Relations de famille et de société, amour, amitié, impressions morales, bonnes qualités, nobles sentiments, etc.
§. XI.
Mauvaises qualités, mauvais sentiments, mauvaises actions, etc.
On remarquera que la plupart de ces mots, tels que n' ont pas été fournis par des racines tirées de la langue ou adoptés ou conservés dans toutes les langues néo-(*)
alberc, albergador, albergar, sala, balcon, barra, etc., latine, et, qu' empruntés à d' autres langues, ils ont été
Le mot bacin aura rappelé à l' esprit des lecteurs, le Brunichildis quoque regina jussit fabricari ex auro ac duabus pateris ligneis, quas vulgo Bacchinon vocant, Hispanian misit.” passage de Gregoire de Tours, Hist., lib. IX, c. 28.
(N. E. El orden de las frases está liado, edito más abajo, aquí no; sic:)
gemmis mirae magnitudinis clypeum ipsumque cum eisdemque
(N. E. Ya pasa arriba, el orden de las frases está liado; lo edito.)
Serait-on surpris de ce que les langues des peuples qui habitèrent le midi de l' Europe, offrent plusieurs des termes concernant les habillements, les étoffes qui n' ont pas été dérivés du latin?
Le langage qui exprime les besoins journaliers, les soins du ménage, les usages domestiques, ne change pas facilement chez les populations subjuguées. Aussi est-il permis de présumer que parmi les mots barreta, cofa, benda, guan, falda, rauba, coysin, guarra, etc.;
quelques uns sont restés de la langue du pays, et que les diverses ***
autres ont été apportés par les étrangers, qui, lors des
invasions, se mêlèrent et s' unirent aux anciens habitants.
Ce petit groupe de mots offre, entre autres, deux circonstances à remarquer; c'est que, du verbe latin sapere, de la quatrième conjugaison, les six langues néolatines ont fait ou adopté les verbes de la conjugaison en AR, saborar et assaborar; de plus, elles ont formé par dérivation l' adjectif acetos. Il serait difficile de faire admettre que de pareils rapports entre six langues, ne soient que des coïncidences fortuites.
Comment était-il arrivé que la langue latine n' eût pas de verbes pour exprimer l' action de venter, d' éclipser?
Il a fallu que les langues néolatines créassent les mots ventar, eclipsar.
Aux verbes latins peu usités, ningere, nivere et virere, elles ont substitué nevar, verdeiar.
Parmi les autres remarques que les mots placés sous ce paragraphe fourniraient, je ne dois pas oublier celle que brasa, brasier, abrasar, dérivés du grec, ont été adoptés dans toutes les langues néolatines.
§. VI.
Espace, dimension, poids,
Troub.Cat.Esp.
Bas.Bas, bax. (baix)Baxo. (bajo)
Baisseza.Baxesa. (baixesa)Baxeza. (bajeza)
Baissar.Baxar. (baixar)Baxar. (bajar)
Abaissamen.Abaxament.Abaxiamento. (antigua)
Abaissar.Abaxar.Abaxar. (abajar, bajar)
Baza.Basa.Basa, base.
Atretal.Altretal.Otrotal.
Augmentatiu.Aumentatiu.Aumentativo.
Diminuir.Diminuir.Diminuir. (disminuir)
Grandeza.Grandesa.Grandeza.
Alteza.Altesa.Alteza.
(N. E. en lengua valenciana, granea, altea, perea, etc.)
On remarquera dans cette liste de mots, les cinq premiers, introduits dans les langues néolatines, bien que bas et ses dérivés n' existassent pas en latin, soit que bas roman ait été emprunté à basis, latin, ou à bassus, latin inusité, qu' on donne comme traduit du grec; quoiqu'il en soit, il sera juste de distinguer la création, ou si l' on veut, l' imitation, par laquelle la famille des mots indiqués a passé, avec tous ses développements, dans les langues néolatines.
L' interjection arri, dont se servaient les cultivateurs et les conducteurs de bêtes de charge, pour les exciter à marcher en avant, est sans doute un reste de l' ancien idiôme méridional, dont Claudien disait dans son épigramme de Mulabus gallicis:
Comme elles changent et varient leur allure, et obéissant à la voix elles suivent les routes qu' elle indique... La mule comprend d' une oreille docile les intonations barbares; le conducteur n' est pas présent, mais les ordres, entendus de loin, sont respectés, et la langue de l' homme la dirige comme ferait le frein. Tu t' étonnes de ce que la voix d' Orphée apprivoisa les monstres, quand des paroles d' un Gaulois gouvernent les mules courbées vers la terre!
§. VIII.
Métaux, arts et métiers, travaux et artistes et ouvriers
(N. E. Podría corregir este texto mirando el índice de más arriba de parágrafos, pero lo dejo tal como lo leo en el PDF que tengo. No vale la pena perder mucho tiempo buscando otro PDF con más calidad.)
*chandises; produits industriels,
*gation, etc.
Port.It.Fr.
*Costo.Cost, coût.
*Costare.Coster.
*Guadagno.Gaaing.
*Guadagnare.Gagner.
*Profitto.Profeit.
*Profittare.Profiter.
*Fiera.Foire.
*Faccenda.Faciende.
*Prestare.Prester.
*Bottega.Boutique.
*Mercanteggiare.Marchander. (marchand)
*Disprezzare.Despriser.
*Peso. Poids.
*Contrappeso.Contrepoids.
*Contrappesare.Contrepeser.
Troub.Cat.Esp.
Comprar.Comprar.Comprar.
Prometedor.Prometedor.Prometedor.
Pagar.Pagar.Pagar.
Paga.Paga.Paga.
Pagamen.Pagament.Pagamento.
Apagar.Apagar.Apagar.
Recepta.Recepta.Receta.
Tara.Tara.Tara.
Bala.Bala.Bala.
Encant.Encant.Encante. (subasta)
Trafec.Trafag.Trafago. (tráfico)
Endeptar.Endeutar.Endeudar.
Cambiador.Cambiador. (mb)Cambiador.
Conditionar.Condicionar.Condicionar.
Comtar.Comptar.Contar.
(N. E. comptar, computar, computo, cómputo; comte : comité : conde)
(N. E. el catalán post Pompeyo Fabra, unos 100 años más tarde, intenta diferenciarse todo lo posible del castellano y de la lengua matriz, romance, occitano; por eso escriben ahora savi y no sabi, con b, que viene de la p de sapientem y variantes; canvi y no cambi, etc.)
aux superstitions, offre nécessairement beaucoup de
*quable que le substantif roman, destin, ait remplacé le
dérivés pour les langues néolatines fada, substantif,
Le grand nombre et l' identité de ces rapports (1), dans les six langues néolatines, ne laisseront plus de doute sur l' origine commune de ces langues, sur l' existence d' un type primitif. (2)
(1) Si je l' avais cru nécessaire, plusieurs autres exemples, que je n' ai pas cités, et qu' on trouvera parmi les divers articles du Lexique roman, auraient été classés dans ces paragraphes; d' ailleurs je n' ai indiqué que des mots appartenant aux six langues néolatines; j'ai renoncé à ceux qui se rencontrent seulement dans cinq, dans quatre de ces langues, etc.
(2) Il faudrait ici de longs développements pour rappeler les différentes modifications que chacune des langues néolatines a, selon son caractère et ses besoins, imposées à plusieurs des mots de la romane primitive: je me borne à quelques unes des principales.
Catalan. - Cette langue, comme celle des troubadours, supprime souvent le N final des substantifs et des adjectifs, surtout quand ils ne sont pas dérivés du latin, et la voyelle, qui précédait immédiatement ce N supprimé, est presque toujours marquée d' un accent aigu: anciá, plé, camí, caní, falcó, dejú, etc., etc. Quelquefois le catalan ajoute l' Y final à des mots terminés en AN, afan, engan, etc., afany, engany; il supprime aussi en certains mots le D intérieur: manamen pour mandamen, recomanar, pour recomandar.
Espagnol. - Cette langue place ordinairement un I avant l' E dans l' intérieur des mots: mandamento, mandamiento, change l' O intérieur en UE, cor, cuer, dona, dueña, porta, puerta. Quand deux mêmes consonnes se trouvent dans l' intérieur d' un mot, souvent l' espagnol n' en conserve qu' une.
Portugais. - La langue portugaise supprime souvent le L de l' intérieur des mots: filar, fiar; celo, ceo; salude, saude; ala, aa, color, dolor, côr, dôr: l' accent circonflexe avertit de la suppression d' un O. Elle change le PL en CH; plaga, chaga (esp. llaga), et supprime parfois le N placé avant la voyelle finale dans les mots, comme plano, chao; pleno, cheo (esp. lleno). Elle remplace de même le L intérieur des mots par le R:
claro, craro; obligar, obrigar; change l' AU roman en OU: aur, ouro.
Le M est souvent substitué au N final: commum, jardim; et ce M final est quelquefois ajouté à des mots terminés en i: mi, outrosi, mim, outrosim, etc., etc.
Italien. - La langue italienne rejette, comme une aspérité, la prononciation de deux consonnes différentes qui se suivent dans un mot, et, par euphonie, elle substitue à l' une la répétition de l' autre:
obviare, ovviare; acto, pacto: atto, patto. On trouve quelques exceptions pour des mots qui ont intérieurement lt, assaltare, oltraggio, etc. Elle a pris l' I au lieu de l' E, dans la préposition di, et dans les augments de, re, qui alors sont changés en di, ri, etc.
Français. - Voyez, pour les changements de l' A roman primitif en E, les Observations sur le Roman de Rou, p. 6-12.
Pour les verbes surtout, le français supprima tres souvent la consonne intérieure du mot latin ou roman; en voici quelques exemples:
Latin.Troubadours.Français.
LicareLicarLier
LaudareLauzarLouer
MutareMudarMuer
SudareSuzarSuer.
Et ainsi des mots: crier, châtier, nouer, convier, marier, prier, plier, publier, mendier, saluer, nier, jouer, éternuer, etc, etc.
Troubadours.Français. Troubadours.Français.
TraucarTrouerAssegurarAsseurer.
FadarFéerAgradarAgréer.
Je donne ici cet aperçu de quelques unes des modifications de mots
faites par les langues néolatines, parce que ces changements mêmes
concourent à prouver l' identité primitive de ces mots, que chacune de ces langues, en se détachant de la romane rustique, modifia d' après son caractère particulier.
Je crois inutile d' avertir que les voyelles euphoniques, ajoutées par quelques langues néolatines à la fin des mots primitifs romans, doivent étre comptées comme de simples modifications.
J' espère donner ailleurs des développements philologiques qui démontreront que chacune de ces langues a remanié les mots primitifs d' après un système régulier et constant.
Il me reste à résumer mon travail, en choisissant dans ces langues plusieurs désinences identiques de divers substantifs, adjectifs et verbes.
Le rapprochement de ces nombreuses flexions offrira une nouvelle preuve de la réalité du type commun, et surtout il révélera, à la curiosité des philologues, le mécanisme simple et constant qui, dans ces six langues nouvelles, a marqué, d' une empreinte spécialement uniforme, une aussi grande quantité de mots, les uns entièrement étrangers à la langue latine, les autres modifiés de cette langue par la seule adoption de la racine, et par la substitution d' une désinence nouvelle et commune.
Tableau de diverses désinences de mots romans.
Ce tableau présentera successivement quelques uns des substantifs, adjectifs et verbes romans qui n' ont pas été dérivés du latin, ou qui, en conservant la racine latine, ont changé la désinence,
§. Ier.
Choix de divers substantifs que les six langues néolatines n' ont pas empruntés au latin.
Uda. Adjutorium. Ajuda. Ueit. Bis coctus. Biscueit.
Uga. Testudo. Tartuga. Uilla. Acutus. Aguilla.
Unta. Jungere. Junta. Ura. Caballus. Cavalcadura.
Cingere. Centura. Venir. Aventura.
Cooperire. Cubertura. Urier. Venir. Aventurier.
Uta. Disputatio. Disputa.
Je me suis presque toujours borné à rapporter un seul exemple, quand j' aurais pu indiquer un très grand nombre de substantifs romans formés par le même mécanisme grammatical. Je n' ai voulu ici que constater le
fait primitif.
§. III.
Choix fait, parmi les six langues néolatines, de quelques adjectifs empruntés à des langues étrangères.
Choix de verbes en AR qui existent dans les six langues romanes, et dont le latin n' a pas fourni la racine.
(N. E. me parece que Raynouard aquí falla como una escopeta de feria.)
A.
Abaissar.Abotonar.Abrasar.
Acaptar.Afanar.Albergar.
Anar.Angoissar.Aplanar.
Arengar.Atrapar.
B.
Baissar.Balansar.Ballar.
Bastar.Bendar.Bernicar.
Blanqueiar.Botar. Botonar.
Bramar.Brillar.Bufar.
C.
Calar.Caminar.Cassar.
Comensar.Costar.
D.
Dansar.Demarchar.Derocar.
E.
Embarcar.Embarrar.Encaminar.
Esgardar.Estirar.
F.
Fadar.Forregiar.
G.
Galaupar.Guardar.Guerreiar.
Guidar.
L.
Lansar.Listar.
M.
Mancar.Marcar.Martellar.
Minar.
P.
Picar.
R.
Retirar.Rimar.Robar.
Romansar.
T.
Talhar.Tirar.Tocar.
Tombar.Trabalhar.Trabucar.
Trovar.
V.
Varar.
§. VI.
Choix de verbes des six langues néolatines *que empruntant seulement leur racine aux mots latins, ont pris la terminaison en AR.
A.
Abrassar.Accentuar.Acerar.
Acertar.Acordar.Acostar.
Acostumar.Acumpanhar. (acompanhar)Afaitar.
Afinar.Afrontar.Agradar.
Agusar.Ajustar.Alinhar.
Alumnar.Annular.Aplanar.
Apontar.Argentar.Assaborar.
Assautar.Atisar.Autenticar.
Aventurar.Averar.Aviar.
B.
Baisar.Balansar.Banhar.
Batalhar.
C.
Cambiar.Canonisar.Caponar.
Cardar.Casar.Cathezizar.
Cavalcar.Certificar.Clavelar.
Confinar.Confrontar.Contar.
Contrariar.Cridar.
D.
Damnificar.Deissoterrar.Desacordar.
Desamar.Desarmar.Descargar.
Descarnar.Descaussar.Descavalcar.
Desferrar.Desfidar.Desfigurar.
Desfilar.Desheretar.Desmembrar.
Desnaturar.Destrempar.Desviar.
Diversifiar.Doctrinar.
E.
Embasmar.Emplegar.Enamorar.
Encargar.Encarnar.Encavalcar.
Encontrar.Endiablar.Enfornar.
Enginhar.Enparentar.Ensanglentar.
Ensenhar.Enviar.
F.
Ferrar.Festejar.Filar.
Forsar.Fustigar.
G.
Gastar.Glosar.
H.
Habilitar.Heretar.
I.
Idolatrar.
J.
Justar.Justiciar.
L.
Lardar.Licenciar.Limitar.
M.
Maltraitar.Maneiar.Martiriar.
Mescabar.Murar.
O.
Obviar.
P.
Parlar.Pasturgar.Pelar.
Penar.Plagar.Plasmar.
Pratiquar.Privilegiar.Puiar.
R.
Raisfinar.Ratificar.Rectificar.
Recular.Retornar.Rigar.
S.
Saborar.Senhoreiar.Sentenciar.
Signalar.Sobredaurar.Solemnisar.
T.
Tonsurar.Tormentar.Torneiar.
Trespassar.Trillar.
V.
Ventar.Verdeiar.Virar.
§. VII.
Choix de verbes qui, dans les six langues néolatines, ont abandonné les conjugaisons latines en I, ERE, IRE, etc. pour prendre la conjugaison romane AR.